Biographie

Article écrit par Anne BECKER et paru dans le Palo Alto on line weekly du 6 septembre 2002.

Dans l'attente de sa chance

Traduction Francaise par Francois Tesmoingt

Simon DRAY se réclame comme le seul
auteur-compositeur et interprète franco-américain de la baie de San Francisco

Simon DRAY sait qu'il mérite de réussir et n'éprouve aucune fausse pudeur à le reconnaître.

C'est à l'heure du thé au Café Borrone de Menlo Park qu'il m'assure qu'on peut être fier de réussir ce que l'on entreprend. « Cela peut sonner faux, mais je ne connais pas beaucoup d'autres français dans le coin qui font ce que je fais avec la même cohérence et la même intensité. Je n'ai jamais entendu quiconque chanter comme moi. »

Après 25 ans passés dans la région à interpréter en français aussi bien qu'en anglais ses propres chansons ainsi que celles des autres et après 20 années occupées à produire et animer une émission radiophonique franco-américaine sur la station KUSF de l'université de San Francisco,
Simon DRAY a gagné le droit de revendiquer sa réussite artistique.

Originaire de Bordeaux en France, ce toujours jeune quinquagénaire chante, accompagné de sa guitare, avec la même sincérité depuis 1976, date à laquelle il s'est installé à San Francisco. Autodidacte, Simon DRAY a auto-produit quatre albums et donné quantité de concerts dans la région. Il joue actuellement au British Bankers Club « BBC » et Cafe Borrone, deux restaurants /Clubs de Menlo Park. Si seulement Simon DRAY pouvait enfin réaliser la percée qu'il mérite et appelle de tous ses vœux.

Simon DRAY nous dit : « un artiste connaît la frustration. Je sais que j'ai en moi quelque chose que le public désire et je veux lui apporter. J'aurai 57 ans le mois prochain et je m'imagine toujours
très bien signer avec une maison de disques. »

Simon DRAY qui écrit des textes en français et en anglais, ainsi que des adaptations françaises de chansons américaines, se considère comme le seul auteur franco-américain de la région de San Francisco et constate le manque de reconnaissance envers les chanteurs dans les deux langues comme lui-même.

« Il y a beaucoup d'auteurs francophones qui sont inconnus en Amérique,alors qu'en Europe, ils sont célèbres » nous affirme Simon, « c'est la raison pour laquelle je prétends au titre de chanteur franco-américain de la région de la baie de San Francisco. Je tends à promouvoir cette musique auprès du public. »

Simon DRAY ne se classe pas dans un genre déterminé : « je suis une sorte de chanteur de pop, de rock et de blues » mais constate la quasi-disparition de son style de musique aussi bien en France qu'en Amérique.

« La plupart des interprètes en France, même les chanteurs des rues, sont rap ou techno » nous dit-il, « mon style est aux antipodes du rap et de l'attitude qui l'accompagne. J'appartiens à une espèce en voie de disparition, celle des chanteurs qui écrivent et chantent de vraies bonnes chansons avec un vrai texte et un vrai rythme. »

Cela n'entame en rien la jovialité de Simon DRAY dont le visage rond est couvert, la plupart du temps, d'un chapeau dont il possède un grand nombre d'exemplaires : « je ne me souviens pas pourquoi j'en porte. Avant, je portais les cheveux longs mais il faut bien changer un peu… » Simon DRAY a travaillé à mi-temps chez Radio Shack, il a obtenu une licence d'informatique au Heald College et il a même prêté sa voix à George Lucas pour son film IMAX de 1986 Niagara, miracle, myths and magic avec pour seule ambition d'assumer financièrement sa carrière artistique. Il travaille actuellement au comptoir du Old Knickerbockers tobacconist à Menlo Park où se négocient de luxueux cigares.

« J'ai une passion pour ma musique mais, malheureusement, un artiste avec une ou deux passions de ce style doit aussi vivre » déclare-t-il.

Simon DRAY a commencé à jouer de la guitare dans les rues de Paris à l'âge de 15 ans après avoir quitté sa famille. Il a travaillé comme animateur pour le Club Med dans le monde entier et a, par deux fois, remporté les « Oscars » des faveurs du public pour les spectacles qu'il y a créés.

Il affirme : « en fait, c'est un grand honneur car il s'agit d'une vraie reconnaissance. En plus, j'ai réussi le doublé. »

Lorsque des amis lui proposent de traverser en voiture l'Amérique de New York jusqu'à San Francisco, Simon ne peut refuser : « en Europe, un musicien de ma génération allait aux festivals de rock où il n'entendait parler que de Californie. Quand nous sommes arrivés à Fisherman's Wharf, j'ai sorti ma guitare et j'ai commencé à jouer. Les gens m'ont applaudi et j'ai pensé : ‘' mon Dieu, c'est l'Amérique, je veux vivre ici. '' Et je me suis installé ! »

Simon DRAY ne parlait pas anglais lorsqu'il a débuté au San Francisco Bistro. Il présentait ses chansons en lisant les fiches qu'un ami avait écrites pour lui. Plusieurs épisodes (longuement étudiés) de M.A.S.H. plus tard, Simon put prétendre à la maîtrise de la langue de Shakespeare et il n'a eu de cesse, depuis, de promouvoir, à travers le bilinguisme, le droit aux deux cultures.

« Les gens riaient quand je lisais péniblement mes fiches, ils m'adoraient car ils appréciaient mon désir de communiquer. Je suis à fonds pour le bilinguisme, dans tous les pays. C'est très important. »

Simon DRAY eut l'occasion de promouvoir le bilinguisme lorsque, il y a vingt ans, l'animateur de l'émission française de KUSF lui demanda de le remplacer quelques semaines, et pendant plus de 21 ans il produisit et anima les deux heures de son émission hebdomadaire FM French Connection Bistro où il reçevait des musiciens, persanalités politiques, sportives et autres et présentait parfois ses propres chansons.

Il s'excuse : « au bout de vingt ans, j'avais de nombreux fidèles, des habitués, mais je ne pouvais pas les lasser en leur passant mes chansons chaque semaine. »

Simon DRAY est actuellement très occupé à préparer une tournée e dans les antennes californiennes de l'Alliance française, une association dédiée à la diffusion de la culture française en Amérique. Simon nous confie, non sans un certain humour, que malgré son âge venant, il est certain du succès de sa tournée, mise en place avec la complicite de ses amis et partenaires dans cette aventure, Eddie Warner, guitare solo extraordinaire, Brian Brown "The Kid" a la basse, et l'autre representant francais du groupe, Jean-Michel Proietto a la batterie et aux percussions. Il a d'ailleurs avec ce groupe ou l'amitie prime meme sur la musique, produit plusieurs CDs, dont Mama dray, Tous les Jardins du monde, Posez les Armes...et plus a venir...

« Je rock and roll encore » se vante-t-il. « Je ne techno pas mais je rock and roll…façon de parler car je ne cabriole pas tout autour de la scène mais j'ai d'autres tours de bonne qualité dans mon sac. »

Il affirme : « c'est sans doute le bon moment pour réaliser la grande percée. »

« En ce qui me concerne et au risque d'être immodeste, j'ai laissé tomber les fausses modesties. Je sais ce que je vaux et j'en suis fier. Je suis ici depuis si longtemps, je suis presque un indigène.
C'est le moment que les gens s'intéressent à moi ! »

Traduction François TESMOINGT

Note du traducteur :

J'ai choisi de traduire cet article avec une certaine liberté afin de refléter au mieux la personnalité de Simon DRAY sans trahir pour autant l'auteur de ces lignes.

J'ai rencontré Simon DRAY sur une scène en France en 1971 et j'ai immédiatement été conquis par son style reconnaissable entre mille. À l'époque, je trouvais qu'il dépoussiérait la chanson française en y apportant une touche de musique américaine dont les racines jazz, blues, country, rock nous sont aujourd'hui bien connues. J'ai eu l'occasion par la suite de m'intéresser à la composition harmonique et puis affirmer que l'ossature des chansons de Simon DRAY est bien française. C'est sans doute du côté de l'interprétation qu'il faut chercher le rock and roll. Simon DRAY possède indubitablement une grande culture musicale populaire et c'est sans doute à cette culture, qu'en 1971 il possédait déjà et n'a cessé de travailler depuis, que l'on peut imputer la finesse de ses interprétations. Je ne peux m'empêcher de penser aux affirmations de Malcolm Mac Laren, l'Anglais qui inventa les Sex Pistols, qui prétendait aux origines françaises du Rock ‘n' Roll.

En 1975, j'avais perdu Simon DRAY de vue et ne l'ai retrouvé que l'année dernière. Dans l'avion qui m'emmenait en Californie, je m'inquiétais de mes réactions à ses chansons après trois décades de rock, de musiques diverses, d'expériences en tous genres et de vie. J'ai retrouvé mes émotions intactes comme au premier jour. Certes, l'homme avait vieilli et avait gagné en maturité mais j'ai surtout été frappé de constater à quel point le musicien, l'auteur, l'artiste m'avaient manqué pendant toutes ces années.

Dans le monde un peu stéréotypé de la chansonnette pop, je crois sincèrement que Simon DRAY mérite d'être connu et reconnu, comme un trésor qu'on exhume car il rock and roll encore.

François TESMOINGT
25 mai 2003